Cliquez ici >>> đŸ¶ pour vivre hors la loi il faut ĂȘtre honnĂȘte

Ilfaut reconnaĂźtre qu’il est difficile de se montrer honnĂȘte durant ces derniers jours oĂč beaucoup sont pour beaucoup, ĂȘtre honnĂȘte est tout simplement hors de question quand il y a des avantages matĂ©riels Ă  la clĂ©. MĂȘme des chrĂ©tiens ont pris de mauvaises dĂ©cisions dans ce domaine. Et pour avoir voulu rĂ©aliser « un gain malhonnĂȘte », certains ont perdu leur bonne Ily a des coins bien pouraves dans la capitale, et j'ai tout de mĂȘme vĂ©cu intra muros presque 15 ans. Et je ne parle pas de la proche banlieue qui peut ĂȘtre aussi bien dĂ©gueu. Les punks Ă  chien de la place de la comĂ©die sont en fait moins craignos que les vendeurs de crack et les putes de Strasbourg St Denis ou de la Porte de la Chapelle. Bref, dĂ©bat sans intĂ©rĂȘt. Ilfaut vivre autrement dans le monde, selon ces diverses suppositions. 1. s’il est sĂ»r qu’on y sera toujours. Si on pouvait y ĂȘtre toujours. 2. s’il est incertain si on y sera toujours ou non. 3. s’il est sĂ»r qu’on n’y sera pas toujours mais qu’on soit assurĂ© d’y ĂȘtre longtemps. Bonvoyage !!! moi aussi j'ai l'intention d'aller vivre Ă  MADAGASCAR!c'est un pays magnifique!les gens sont trĂ©s vivre franchement avec votre retraite vous y arrviverez facilement!!ex: j'ai louĂ© une maison Ă  tulĂ©ar pour un mois 100.-euro.fais manger 12pers ,matin midi et soir pour 12.-par jour avec viande ou poisson Ă  Maisil faut enfin, dĂšs maintenant, que tu sentes de quel monde tu fais partie, et de quel ĂȘtre, rĂ©gisseur du monde, tu es une Ă©manation, et qu'un temps limitĂ© te circonscrit. Si tu n'en profites pas, pour accĂ©der Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ©, ce moment passera ; tu passeras aussi, et jamais plus il ne reviendra. Marc AurĂšle, PensĂ©es, Livre 2, IV Vous Allez Rencontrer Un Bel Et Sombre Inconnu Vostfr. L’évĂ©nement Tel-Aviv sur Seine » organisĂ© en aoĂ»t 2015 sur les berges de la Seine Ă  Paris n’aura pas constituĂ© l’aboutissement et l’illustration les plus achevĂ©s du vivre ensemble » et de l’amitiĂ© entre les peuples ». La premiĂšre de ces expressions, devenue aux yeux de certains un repoussoir absolu, le symbole sĂ©mantique de la faillite prĂ©sumĂ©e de la sociĂ©tĂ© multiculturelle, a vĂ©ritablement fait sa place en France dans les annĂ©es 1980. Elle devient alors un leitmotiv du militantisme antiraciste. Elle dĂ©signe une sorte d’impĂ©ratif, au regard de rĂ©alitĂ©s dĂ©sormais bien ancrĂ©es dans le paysage français, qui suscitent de multiples frictions face au choix historique de l’immigration, face au regroupement familial et Ă  la pluri-culturalitĂ©, il n’y aurait pas d’autre horizon possible que le vivre ensemble. Concept mou Le concept renvoie Ă  une coexistence pacifique des diffĂ©rentes composantes de la sociĂ©tĂ© française, auxquelles on ne dĂ©nie pas, Ă  chacune, le droit de conserver tout ou partie de son identitĂ©. Il se fonde toutefois sur des attentes diverses, les allogĂšnes pouvant ĂȘtre invitĂ©s Ă  relĂ©guer leurs marqueurs d’origine Ă  la sphĂšre privĂ©e ou, au contraire, Ă  les afficher publiquement, Ă©tant perçus comme une source d’enrichissement de la culture nationale, un moyen de la rĂ©gĂ©nĂ©rer par l’ouverture et la permĂ©abilitĂ© Ă  l’Autre. Les organisations antiracistes traditionnelles LICRA, MRAP, SOS Racisme ont longtemps dĂ©fendu, Ă  divers degrĂ©s, cette vision, mettant l’accent sur la valeur du mĂ©tissage, faisant l’éloge de la diffĂ©rence, vantant les mĂ©rites du brassage, fustigeant au contraire les attitudes ethnocentriques volontiers dĂ©signĂ©es comme des postures racistes. La rĂ©serve, l’hostilitĂ© et le rejet doivent ainsi laisser le champ libre Ă  l’accueil, la tolĂ©rance et l’amitiĂ©. L’amitiĂ© vertueuse d’Aristote En 1904, un pĂšre dominicain, ThĂ©ophile Coconnier, se penche dans un article publiĂ© dans La Revue Thomiste volume XII, sur la notion d’amitiĂ©. Questionnant tour Ă  tour Bossuet, Saint Thomas et Saint Augustin, il expose finalement une thĂ©orie de l’amitiĂ© dĂ©veloppĂ©e par Aristote dans Éthique Ă  Nicomaque, inspiratrice de Saint Thomas d’Aquin sur ce thĂšme. Dans le Livre VIII de l’Éthique, Aristote affirme l’importance de l’amitiĂ©, pour l’homme riche comme pour le malheureux. Élargissant son propos, il explique que l’amitiĂ© entre les États compte plus encore, aux yeux du lĂ©gislateur, que la justice c’est la concorde avant tout que les lois veulent Ă©tablir, comme elles veulent avant tout bannir la discorde, qui est la plus fatale ennemie de la citĂ©. Quand les hommes s’aiment entre eux, il n’est plus besoin de justice. » Le philosophe discerne trois espĂšces d’amitiĂ©, motivĂ©es par le plaisir, l’intĂ©rĂȘt ou par la vertu. Seule cette troisiĂšme espĂšce constitue Ă  ses yeux la vĂ©ritable amitiĂ©, ses protagonistes se voulant mutuellement du bien, d’une maniĂšre dĂ©sintĂ©ressĂ©e. La rĂ©ciprocitĂ© en est un des ressorts fondamentaux. Le vivre ensemble, creuset de l’amitiĂ© Aristote Ă©voque l’importance du temps et de la frĂ©quentation, intime et longue, dans le processus de construction de l’amitiĂ© L’amitiĂ© n’est pas chose qui s’improvise. Il y faut du temps et de l’habitude. 
 La volontĂ© d’ĂȘtre amis peut ĂȘtre rapide, mais l’amitiĂ© ne l’est point, car le proverbe a bien raison On ne peut guĂšre se connaĂźtre mutuellement, avant d’avoir mangĂ© ensemble des boisseaux de sel’. » Livre VIII, chapitre III Le PĂšre Coconnier estime que le philosophe se surpasse dans son exposĂ©, Ă  travers ces mots qu’il relaie Ce qui donc entretient l’amitiĂ©, ce qui la nourrit, ce qui la fait prospĂ©rer et fleurir, c’est, par-dessous tout, c’est, on pourrait presque dire, uniquement, le vivre ensemble, l’intimitĂ© de la vie. Car rien n’est si propre, rien n’est si cher, rien n’est si nĂ©cessaire aux amis que le vivre ensemble. » Livre VIII, chapitre V Auteur de la traduction, le thomiste rapporte Ă©galement cette formule du Livre IX rien n’est plus l’amitiĂ©, que le vivre ensemble » Livre IX, chapitre IX Cette amitiĂ©, explique-t-il, repose sur la communication et l’échange Échanger paroles et pensĂ©es, c’est lĂ  vĂ©ritablement ce qu’on peut appeler entre les hommes, la vie en commun ; et ce n’est pas, comme pour les animaux, d’ĂȘtre simplement parquĂ©s dans un mĂȘme pĂąturage. » Livre IX, chapitre IX Le dominicain termine son article en expliquant qu’Aristote pose deux conditions Ă  l’accomplissement de l’amitiĂ© ; il ne faut pas trop d’amis et il faut une certaine ressemblance entre les amis on peut observer sans peine que, dans les cas oĂč il survient entre eux une trĂšs grande distance de vertu, de richesses ou de telle autre chose, les individus cessent alors d’ĂȘtre amis, et ne se croient mĂȘme plus capables de l’ĂȘtre. » Livre VIII, chapitre VII RĂ©gĂ©nĂ©rer un concept Naturellement, le dĂ©tour par la philosophie antique ne se rĂ©vĂšle pas indispensable pour dĂ©finir l’amitiĂ©. Il est toutefois intĂ©ressant d’observer l’accent mis sur le principe du » conformĂ©ment Ă  la traduction vivre ensemble. Il sous-tend les notions de partage, d’accord, d’intimitĂ© et de communication. C’est d’ailleurs sous ce dernier terme que Saint Thomas rĂ©sumerait, d’aprĂšs ThĂ©ophile Coconnier, l’idĂ©e de vivre ensemble. Enfin, il faut souligner l’apparence conceptuelle, par l’opĂ©ration de traduction du contributeur de La Revue Thomiste, donnĂ©e Ă  l’expression le fait de vivre ensemble apparaĂźt sous la forme le vivre ensemble ». On ne saurait manipuler de maniĂšre anachronique la pensĂ©e du philosophe grec et celle du PĂšre dominicain Aristote parle bien, avant tout, de l’amitiĂ© entre des individus. Son intĂ©rĂȘt pour la vie de la citĂ© et sa conception de l’amitiĂ© entre les États n’interdisent toutefois pas d’imaginer que le raisonnement puisse ĂȘtre transposĂ© Ă  d’autres Ă©chelles, celle des populations et des peuples. La concrĂ©tisation de l’amitiĂ© paraĂźt alors, Ă  l’évidence, bien thĂ©orique et alĂ©atoire. L’exigence vertueuse et intimiste, impartie par Aristote Ă  l’amitiĂ© peut toutefois constituer un cadre principiel utile, propre Ă  nourrir une rĂ©flexion sur un concept qui risque aujourd’hui le galvaudage, ouvrant un boulevard aux attaques cyniques de ses adversaires de tous bords. AurĂ©lien Barrau vient de publier Le plus grand dĂ©fi de l’histoire de l’humanitĂ©, un livre fondamental pour comprendre la crise majeure Ă  laquelle nous sommes confrontĂ©s et Ă  laquelle il nous faut en urgence rĂ©pondre. Contributeur rĂ©gulier de Diacritik, AurĂ©lien Barrau a acceptĂ© de sortir de son ascĂšse mĂ©diatique » pour rĂ©pondre Ă  nos questions. Combat contre l’attentisme criminel de la majoritĂ© de la classe politique internationale, Le plus grand dĂ©fi de l’histoire de l’humanitĂ© est surtout un engagement, celui d’un citoyen indisciplinĂ© scientifique, poĂšte et philosophe qui rĂ©ussit le pari un peu fou de rendre simplement des problĂ©matiques d’une complexitĂ© extrĂȘme. AurĂ©lien Barrau montre avec force combien nous sommes face Ă  une catastrophe qui doit ĂȘtre comprise dans l’articulation de l’écologique et du social, au cƓur battant d’un systĂšme gĂ©nĂ©ral d’exploitation des ressources, des hommes, des espĂšces. Le propos est Ă©tayĂ© par des chiffres et des faits et le livre se veut tout autant un cri d’alerte » qu’un plan d’action ». Il peut ĂȘtre lu pour comprendre oĂč nous en sommes, dans le plein sens de ce oĂč », un ici et maintenant situĂ©, interrogeant notre place dans un Ă©cosystĂšme que nous dĂ©truisons ; il doit l’ĂȘtre pour les perspectives qu’il dĂ©gage et rĂ©flexions qu’il engage, un dĂ©bat dans lequel chacun a sa place et sa part. Le plus grand dĂ©fi de l’histoire de l »humanitĂ© est un hymne au divers et au multiple, Ă  la place de l’imaginaire dans le monde profondĂ©ment diffĂ©rent qu’il nous incombe d’inventer. Un Ă©lĂ©ment est immĂ©diatement frappant dans ton livre avant mĂȘme de s’intĂ©resser Ă  son contenu il est aisĂ©ment accessible, intellectuellement comme financiĂšrement. Était-ce une volontĂ© de ta part comme de celle de ton Ă©diteur faciliter ainsi sa diffusion au plus grand nombre ? Oui, nous voulions qu’il ne soit pas cher. La simple existence de ce livre est dĂ©jĂ  paradoxale puisqu’il contribue nĂ©cessairement un peu Ă  pollution qu’il dĂ©nonce
 Autant ne pas multiplier les contradictions et Ă©viter de le rendre Ă©conomiquement Ă©litiste ! Quant Ă  l’écriture, en effet, je souhaitais m’extraire un peu du langage souvent assez hermĂ©tique qui est le mien. Qu’il s’agisse de physique thĂ©orique, de philosophie ou de poĂ©sie, je brille rarement par la simplicitĂ© ! Il Ă©tait temps de faire une exception. Tes prises de position ont Ă©tĂ© extrĂȘmement mĂ©diatisĂ©es ces derniers mois, en lien bien sĂ»r avec l’appel lancĂ© dans Le Monde le 3 septembre 2018, avec Juliette Binoche et 200 personnalitĂ©s. Or la majoritĂ© des articles te prĂ©sentent comme astrophysicien, spĂ©cialiste des trous noirs, ayant par ailleurs ces engagements Ă©cologiques
 Il me semble au contraire que tout est liĂ©, sciences dures, philosophie et poĂ©sie, Ă©cologie, soit ces instabilitĂ©s » p. 34, ces univers multiples » auxquels tu te consacres, depuis des croisements disciplinaires, une indiscipline gĂ©nĂ©rale
 D’abord je dois prĂ©ciser que j’ai tentĂ© de me tenir Ă  distance de l’effervescence mĂ©diatique. J’ai refusĂ© presque toutes les invitations et je me tiens Ă  cette ligne. Non par dĂ©dain ou arrogance mais parce que je crois qu’il faut demeurer dans un certaine ascĂšse pour que la parole et la pensĂ©e gardent leur sens. L’espace public est toujours un piĂšge et risque de devenir un but plus qu’un mĂ©dium. Pour ce qui concerne les liens, je te suis pour l’ indiscipline » gĂ©nĂ©rale ! Une sorte de chaologie Ă  la pluralitĂ© irrĂ©ductible et diffractĂ©e. En un sens, les liens sont donc Ă©vidents parce qu’il ne s’agit que de rendre possibles quelques Ă©piphanies de grĂące et d’enchantement dans un rĂ©el dĂ©solĂ©. Toute pensĂ©e qui ne crĂ©e pas d’amour m’ennuie. Mais, en un autre sens, de Jean Genet Ă  Albert Einstein, en passant par Jacques Derrida, Isabelle Eberhardt et ThĂ©odore Monod
 les liens entre mes hĂ©ros sont tĂ©nus ! Laissons aussi Ă  cette diversitĂ© sa profonde hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©. Ce livre, on vient d’en parler, est nĂ© de cet appel publiĂ© dans Le Monde en octobre 2018. Est-il liĂ© Ă  une volontĂ© de sortir de l’aspect people » auquel l’ont rĂ©duit trop de media pour poser des Ă©lĂ©ments factuels ? Tu Ă©cris qu’il s’agit d’un petit fascicule », d’une maigre contribution ». J’entends, mĂȘme sans prendre en compte ta modestie, qu’il s’agit de souligner que tu n’es qu’un citoyen dans une vaste entreprise collective, mais ce dĂ©fi » en titre, c’est aussi celui d’ĂȘtre Ă  la fois scientifique et accessible, prĂ©cis depuis une argumentation trĂšs complexe, tissant des Ă©lĂ©ments trĂšs divers. C’était un vĂ©ritable dĂ©fi formel ? Il est vrai que la tribune initiale Ă©tait assez people ». Ceci grĂące Ă  mon amie Juliette Binoche sans elle, nous n’aurions pas eu le dixiĂšme de cette visibilitĂ©. Elle a Ă©tĂ© formidable de gĂ©nĂ©rositĂ© et de sincĂ©ritĂ©. Pour autant, une question se pose qu’est-ce que ce texte – qualifiĂ© d’article ayant eu le plus grand impact dans ce domaine – a rĂ©ellement changĂ© ? Rien du tout. Tout continue Ă  empirer. Mon pĂšre m’a dit qu’aprĂšs cette mise en garde, il faudrait proposer des solutions. C’est ce que j’ai tentĂ© de faire ici. Mais il est vrai je n’ai aucune lĂ©gitimitĂ© Ă  suggĂ©rer un plan de sauvetage du monde ! De plus, je ne me pose pas comme un exemple ou un donneur de leçons, Ă©tant parfaitement conscient de mes propre faiblesses. J’essaye simplement de rĂ©flĂ©chir, avec honnĂȘtetĂ©, Ă  ce qui est possible et souhaitable. Ce geste Ă©mane juste du dĂ©sir impĂ©rieux de tenter ce qui est en mon pouvoir pour contribuer infimement » Ă  donner une derniĂšre chance Ă  la vie. Il existe beaucoup d’autres essais, souvent plus savants que le mien je recommande, par exemple, Ne plus se mentir, de Jean-Marc Gancille. Je crois qu’il faut que chacun use des armes qui sont Ă  sa disposition, puisque nous sommes bien en guerre contre la plus terrible menace de notre Histoire. Ce qui advient aujourd’hui est tellement grave que le pire serait l’inaction, le laisser aller » cynique. Disons que ce petit livre, dĂ©risoire, est un geste de panique. Je ne sais rien faire d’autre que ce genre de choses. Mais je n’y crois pas vraiment il faudrait une rĂ©volution d’ampleur planĂ©taire et rien de tel ne s’annonce. Il est une articulation nĂ©cessaire des plans environnementaux et sociĂ©taux, c’est ce que montre fermement le sous-titre de ton livre, face Ă  la catastrophe Ă©cologique et sociale », ce qu’énoncent plusieurs passages — je cite la page 42 Ă  titre d’exemple, Lorsque l’écologie s’oppose au social, elle se suicide. Et Ă©choue ». Est-ce Ă  dire qu’il faut absolument sortir des visions focalisĂ©es et rĂ©ductrices qui ne s’attacheraient qu’à un Ă©lĂ©ment de la crise le climat ou la pollution par exemple pour considĂ©rer l’ensemble d’un systĂšme ? La majoritĂ© des animaux sauvages a disparu en quelques dĂ©cennies. La vie est en train de mourir sur Terre. Nous sommes prisonniers d’une spirale mortifĂšre. Et ce ne sont pas quelques Ă©nergies vertes » qui endigueront ce processus la question n’est pas seulement celle de l’origine de l’énergie mais aussi celle de son utilisation. Il faut une rĂ©volution extrĂȘmement profonde. Tendanciellement, elle rĂ©duirait notre confort – au moins tel qu’il est aujourd’hui dĂ©fini et ressenti. Il ne faut pas faire semblant de croire qu’il est possible de continuer Ă  consommer plus, tout en impactant moins. C’est scientifiquement faux. Une croissance soutenue dans un monde fini n’est pas durablement possible, c’est un rĂ©gime d’instabilitĂ© qui mĂšne au crash. Qui faut-il croire ? Celui qui prĂ©tend qu’on peut remplir indĂ©finiment un bocal de billes ou celui qui rappelle qu’un bout d’un moment, ça dĂ©bordera ? Qui est le doux dingue et qui est l’analyste crĂ©dible ? Ne laissons pas l’avenir de la vie aux mains des fous. Et la problĂ©matique ne concerne pas que le rĂ©chauffement climatique mĂȘme si le climat Ă©tait parfaitement stable nous serions quand-mĂȘme dans la 6Ăš extinction majeure essentiellement due Ă  la disparation des espaces sauvages et aux pesticides. NĂ©anmoins, beaucoup d’humains sont dĂ©jĂ  dans une situation critique et leur demander des efforts supplĂ©mentaires serait injuste et indĂ©cent. Il ne me semble donc pas y avoir d’autres issue que le partage. Et c’est presque une bonne nouvelle peut-ĂȘtre la contrainte Ă©cologique est-elle ce qui permettra enfin une vĂ©ritable avancĂ©e sociale. Nous nous sommes collectivement trompĂ©s de modĂšle et on doit collectivement l’assumer c’est-Ă -dire que ceux qui en ont les moyens doivent prendre en charge la mutation. Soyons nĂ©anmoins rĂ©aliste ce qui se profile aujourd’hui est tout l’inverse. Alors qu’il serait vital de baisser drastiquement notre consommation et d’inventer toutes sortes de nouvelles solidaritĂ©s – entre humains et non-humains –, nous observons au contraire la montĂ© des rĂ©gimes autoritaires et xĂ©nophobes, des crispations identitaires et des intolĂ©rances radicales. Nous sommes, c’est le moins que l’on puisse dire, mal partis
 Le problĂšme plus gĂ©nĂ©ral que pose la catastrophe Ă  venir est qu’elle suppose de sortir des pensĂ©es binaires et dualistes, de penser en rĂ©seau, de considĂ©rer un ensemble. Cette complexitĂ© explique-t-elle en partie l’attentisme dans lequel les citoyens comme les politiques s’enlisent ? Nous voilĂ  prisonniers d’une construction du monde qui nous apparait comme Ă©tant un donnĂ© indĂ©passable et surtout inquestionnable ». Il me semble aujourd’hui vital de travailler Ă  inventer un ailleurs. Rien ne serait pire que de croire que les choses ne peuvent pas ĂȘtre autres. Il faut rĂ©inventer de la contingence. Et oser un peu de subtilitĂ© le dĂ©fi qui se pose Ă  nous est d’une complexitĂ© incroyable. Dans une certaine mesure, toutes les solutions sont mauvaises. C’est, au sens littĂ©ral, une tragĂ©die. Mais le nier ne rĂ©sout pas le problĂšme. Jouir une derniĂšre fois, sucer jusqu’à la moelle l’os de la Terre, en laissant un territoire dĂ©vastĂ© et un futur Ă©tiolĂ©, ce n’est pas seulement un crime contre l’avenir, c’est aussi un crime contre la vie. Contre l’ontologie ou la quidditĂ© de la vie. Les scientifiques sont dĂ©sespĂ©rĂ©s ils ne comprennent pas qu’on ignore leurs conclusions pourtant parfaitement claires et infiniment tristes. Tu montres pourtant qu’il est simple de prendre une sĂ©rie de mesures, individuelles comme collectives, que tu listes. Et, cela me semble fondamental, tu soulignes que tu ne te poses ni en guide ni en donneur de leçons mais que tu te prends en exemple, en tant qu’individu tentant de faire au mieux, concrĂštement. Est-ce ainsi qu’il faut comprendre ton engagement ? Mes propres faiblesses – je n’ai pas Ă  les cacher je ne suis pas candidat aux Ă©lections et je ne prĂ©tends pas avoir de solution clĂ©s en mains ! – me donnent des exemples concrets sur lesquels rĂ©flĂ©chir. En tant qu’ĂȘtre vivant, je crois qu’il est de mon devoir de m’intĂ©resser à
 la vie. Le terme biodiversitĂ© » est pauvre et froid. C’est du merveilleux, du magique, du miraculeux qu’il faudrait parler ! Chaque espĂšce, chaque individu, prĂ©sente des spĂ©cificitĂ©s uniques et sublimes pour peu qu’un sache les observer avec un minimum de distance Ă©go-anthropo-centrique. C’est ce regard qu’il faut urgemment construire. Il n’a rien de la rĂ©pĂ©tition nostalgique d’un passĂ© fantasmĂ©. Oui, je donne dans le livre une liste d’actions individuelles et collectives qui seraient souhaitables. Mais il faut aller trĂšs au-delĂ  des petits gestes ». Et trĂšs au-delĂ  de la seule prise de conscience » politique. Il faut redĂ©finir le sens de ce qui reste de ce monde. Le sens de nos attentes, de nos plaisirs, de nos symboles. Et mĂȘme si nous nous engagions – et je n’y crois pas une seconde – sur le chemin d’un ĂȘtre-Ă -l’autre enfin respectueux, des dĂ©gĂąts immenses et irrĂ©versibles n’en resteraient pas moins inĂ©vitables. Je veux que le sĂ©rieux » change de camp. PrĂŽner une croissance infinie dans un monde fini relĂšve littĂ©ralement de l’irrationalitĂ© le plus grossiĂšre. Et criminelle. Évidemment, la connaissance, l’art, la science, l’amour
 peuvent croitre sans frein ! Mais l’exploitation mortifĂšre d’une nature confondue avec une ressource, non. Quand je parle de fin du monde » certains s’offusquent. Naturellement, la Terre continuera de tourner – en tant qu’astrophysicien je le sais bien ! – et des formes de vies perdureront. Peut-ĂȘtre mĂȘme l’humanitĂ©, en tant qu’espĂšce, survivra-t-elle, via les plus riches qui auront construit quelques citĂ©s-refuges. Mais ces milliards de milliards de vivants, humains et non humains, qui vont pĂ©rir dans la souffrance, cet Ă©quilibre dĂ©licat et fragile que nous broyons en quelques dĂ©cennies, c’est bien une fin du monde », je n’ai pas peur de l’appeler ainsi. Nous transformons la Terre en parking de supermarchĂ© les espaces vierges fondent Ă  une vitesse vertigineuse, en dĂ©charge publique l’ocĂ©an de plastique fait 3 fois la taille de la France et croĂźt exponentiellement et en Ă©tuve la pente actuelle n’est pas du tout Ă  + mais plutĂŽt Ă  +5 degrĂ©s. Est-ce vraiment ce que nous dĂ©sirons ? Serais-tu d’accord pour dire que le dĂ©fi dans lequel nous sommes, en tant qu’humanitĂ©, est de reconsidĂ©rer l’ici, de redĂ©finir notre situation dans un environnement que nous sommes en train de dĂ©truire ? En montrant que cette crise peut aussi, paradoxalement ĂȘtre une chance », qu’il faut contrebalancer la collapsologie gĂ©nĂ©rale par une forme sinon d’optimisme du moins d’ouverture Ă  des possibles. Est-ce ce que tu entends, page 46, par cette chance d’explorer un nouveau rapport au rĂ©el, enrichi de multiples possibles » ou ce que tu Ă©cris plus loin redessiner notre maniĂšre d’habiter le monde » ? Oui et non. Je suis d’accord avec le travail sur l’ici que tu Ă©voques. Sur la nĂ©cessitĂ© de totalement redĂ©finir nos liens et d’inventer de nouvelles alliances y compris avec les non humains. En revanche, je ne suis pas d’accord pour la touche d’optimisme qu’il faudrait ajouter. Je pense au contraire que la reprĂ©sentation que nous avons de la situation est beaucoup trop optimiste. Tous les indicateurs objectifs montrent que les choses empirent. Chaque annĂ©e est pire que la prĂ©cĂ©dente. Il faudrait un changement de cap Ă  180 degrĂ©s et nous continuons d’aller – de plus en plus vite – dans la direction du gouffre. Je pense justement qu’il est vital de s’extraire de l’optimisme totalement injustifiĂ© qui semble encore dominant. Je n’utilise pas le terme de collapse. Il Ă©voque un peu un mauvais film au dĂ©nouement spectaculaire et caricatural. Cela n’a pas grand sens pour moi. Les populations animales dĂ©croissent rapidement, les humains sont en risque quasi existentiel, les espĂšces disparaissent, les forĂȘts sont dĂ©vastĂ©es, la canicule gagne, la pollution tue
 C’est presque pire qu’un collapse, en fait. Oui et tu dis justement dans le livre ne pas ĂȘtre dans cette perspective, celle de la collapsologie. Ton cri d’alerte » est surtout un plan d’action », il faut doubler la thĂ©orie ou la rĂ©flexion d’une praxis. LĂ  est l’urgence, cesser de discuter des causes, d’un pourquoi et adopter des mesures, en particulier sur un plan collectif, politique ? La seule chose qui me rende un peu heureux dans cette situation c’est que nous avons le devoir de tout rĂ©inventer. C’est assez excitant. Nous sommes en demeure de reconstruire la grammaire mĂȘme de notre rĂ©el. VoilĂ  la premiĂšre mesure penser hors de l’ordre de l’ancien monde. Un exemple certains disent que j’appelle Ă  dĂ©croĂźtre » et y voient une rĂ©gression. Mais si au lieu d’évaluer la croissance sur le PIB qui est presque proportionnel Ă  l’impact Ă©cologique destructeur, on l’évaluait sur la capacitĂ© Ă  aimer, Ă  s’entraider, Ă  diminuer les inĂ©galitĂ©s, Ă  respecter la vie, Ă  s’enivrer de diversité  je serais trĂšs favorable Ă  la croissance ! Il y a aussi un travail sĂ©mantique Ă  opĂ©rer. D’autres me reprochent d’ĂȘtre un Staline vert » souhaitant imposer une dictature Ă©cologique. C’est grotesque. D’abord je n’ai aucune ambition personnelle et, surtout, j’aime la libertĂ©, comme tout le monde ! Mais la libertĂ© de dĂ©truire la nature, d’interdire un avenir pour nos enfants, d’occasionner la mort des plus pauvres est-elle souhaitable ? Les entreprises sont protĂ©gĂ©es par des lois, faut-il que la Terre ne le soit pas ? Heureusement, le droit nous empĂȘche d’agresser nos semblables et cela protĂšge notre libertĂ© individuelle. Peut-ĂȘtre – il faudrait y rĂ©flĂ©chir sereinement et sincĂšrement hors de l’invective malveillante des rĂ©seaux sociaux et des calomnies galopantes – est-il en effet sensĂ© de protĂ©ger un peu la vie grĂące Ă  la loi. Peut-ĂȘtre l’infime privation de libertĂ© qui restreindrait notre hubris consommateur nous offrirait-elle la libertĂ© de continuer Ă  vivre. Ça pourrait valoir le coup. Serais-tu d’accord avec l’idĂ©e qu’il est un engagement nĂ©cessaire de l’écrivain aujourd’hui, qui doit se situer, participer au dĂ©bat, ĂȘtre pleinement dans la citĂ©, donc dans le politique ? Comme souvent, je me sens un peu tiraillĂ©. D’un certain point de vue, je rĂ©pondrais oui Ă©videmment ». Mais d’un autre, j’aime l’idĂ©e que l’artiste soit absolument libre. Qu’il ne soit assujetti Ă  aucune considĂ©ration Ă©thique. Son rĂŽle est aussi de choquer, de s’extraire, de faire preuve d’insolence ou de subversion. Tu te dis naĂŻf », c’est l’adjectif que tu emploies. Est-ce d’abord au sens Ă©tymologique du terme naturel ? Ou est-ce un clin d’Ɠil vers le conte voltairien, une maniĂšre de souligner l’importance d’un regard candide pour observer la marche du monde, de notre Ă©poque qui exige, d’ailleurs, de nouvelles LumiĂšres ? Ou peut-ĂȘtre, justement, exige-t-il plutĂŽt un clair-obscur assumĂ©. Trop de lumiĂšre aveugle
 Il me semble que nous avons totalement oubliĂ© des fondamentaux tellement Ă©vidents qu’en effet la naĂŻvetĂ© est ici notre alliĂ©e. Quand nous aurons multipliĂ© par mille le dĂ©bit d’Internet et constellĂ© l’espace d’objets techniques connectĂ©s, on se rendra peut-ĂȘtre compte du caractĂšre dĂ©risoire de ces jouets face Ă  l’immensitĂ© du prix payĂ© la disparition de millions d’espĂšces et de millions de milliards d’ĂȘtres sensibles. Quand bien mĂȘme la nature reprendrait ses droits dans quelques millions d’annĂ©es, n’oublions pas que les morts ne renaĂźtront pas, que les souffrances endurĂ©es auront bel et bien Ă©tĂ© rĂ©elles. On ne peut pas reconstruire la cathĂ©drale du vivant. L’effondrement heureux est impossible ce ne sont pas des abstractions qui risquent de disparaitre. Ce sont nos enfants, nos voisins, les animaux de nos campagnes. Tu Ă©cris qu’il faut cesser d’opposer Ă©cologie et sociĂ©tĂ©, que ce sont les deux faces d’un mĂȘme systĂšme et que nous devons aller vers une ontologie plurielle », vers un systĂšme qui fasse une place rĂ©elle et pleine Ă  l’altĂ©ritĂ©, Ă  la diversitĂ©, qui pense le commun », en somme ? Pour ĂȘtre honnĂȘte, je ne sais pas trĂšs bien ce qu’il faut faire. Je suis juste certain qu’il est indispensable de regarder ailleurs. Et de sortir du mantra chacun fait ce qu’il veut ». Ça n’a aucun sens dĂšs lors que l’exercice de son plaisir Ă©goĂŻste dĂ©truit par ailleurs. Expliquer aujourd’hui que prendre 10 fois l’avion dans l’annĂ©e ou rouler dans un gros 4X4 en ville relĂšve d’un choix individuel pour ceux qui en ont les moyens !, c’est oublier que nous partageons tous la mĂȘme planĂšte et que nous sommes tous victimes potentielles de l’inconsĂ©quence d’un tel comportement. Alors, oui, je crois qu’il faut effectivement interroger toute la structure ontologique que nous avons construite autour du rĂ©el et inventer de nouveaux fondements, de nouveaux dĂ©sirs, de nouvelles entraides, de nouveaux mots, de nouveaux agencements, de nouveaux rĂȘves, de nouvelles amours
 Ton livre montre l’extrĂȘme violence de notre systĂšme envers les animaux, envers les ĂȘtres humains, envers la planĂšte. Or cette violence est sinon acceptĂ©e en tout cas en grande partie invisibilisĂ©e derriĂšre des abattoirs plus fermĂ©s que des sites militaires, une grande partie de nos dĂ©chets dĂ©versĂ©s ailleurs », etc.. N’est-ce pas en partie cette invisibilisation qu’il faut combattre, en Ă©nonçant ce qui se pratique, en documentant les faits, ce Ă  quoi s’attache d’ailleurs ton livre ? Exactement ! Travailler la hiĂ©rarchie des violences est essentiel. Ce qui nous semble parfois inacceptable pourrait apparaĂźtre, suivant d’autres schĂšmes de pensĂ©e, comme anecdotique – voire souhaitable – face Ă  la violence systĂ©mique qui opprime et dĂ©truit. Et la violence n’est pas intrinsĂšquement condamnable tout dĂ©pend de ce contre quoi elle se dĂ©ploie. En Europe occidentale, en particulier, notre longue histoire coloniale nous a conduit Ă  ne tolĂ©rer la diffĂ©rence que dans son invisibilitĂ©. Il est temps de s’extraire de cette arrogance mĂ©prisante et paternaliste. Ton livre Ă©nonce plusieurs mesures d’urgence Ă  prendre, il n’est Ă©videmment pas le lieu ici de les dĂ©tailler. C’est contraire Ă  toute saisie pertinente de la crise mais je te pose quand mĂȘme la question. Si chacun devait commencer par un engagement, ce serait lequel ? Ça serait d’oser interroger tout ce qui nous semble si Ă©vident. PlutĂŽt que de se battre pour le pouvoir d’achat », ne devrait-on pas se mobiliser pour le devoir d’aimer » ? Naturellement il n’est pas question de remettre en cause la nĂ©cessitĂ© Ă©vidente de veiller Ă  ce que les ressources matĂ©rielles de ceux qui ont dĂ©jĂ  peu ne s’étiolent pas. Bien au contraire. Il s’agit plutĂŽt de ne plus confondre la fin et les moyens. Qu’il soit – en gĂ©nĂ©ral – nĂ©cessaire de travailler pour subvenir Ă  ses besoins est Ă  peu prĂšs incontestable. Mais qu’au vingt-et-uniĂšme siĂšcle on s’enorgueillisse de vouloir allonger la durĂ©e du travail alors mĂȘme que les sociĂ©tĂ©s occidentales modernes produisent dĂ©jĂ  Ă©normĂ©ment plus que le nĂ©cessaire est assez ahurissant. Chercher du temps pour lire, Ă©crire, crĂ©er, aimer, jouer, inventer, dĂ©sirer, admirer, contester, explorer, ne serait-il pas plus
 sensĂ© ? Je voudrais poursuivre sur deux questions plus thĂ©oriques et philosophiques peut-ĂȘtre mais elles me semblent fondamentales et ce sont deux perspectives passionnantes qu’ouvre ton livre. La premiĂšre porte sur la notion de continuitĂ© » qui est au centre mĂȘme de ton propos. Notre systĂšme Ă©conomique et social a rompu avec le rythme lent des Ă©cosystĂšmes. Pour ne donner qu’un exemple, nous exploitons des Ă©nergies fossiles qui ont mis un temps infini Ă  ĂȘtre produites et nous les exploitons jusqu’à la rupture. Nous suivons une logique rĂ©ificatrice », celle d’un temps court. Et tu Ă©cris qu’il faut rĂ©inventer la continuitĂ© » p. 72, celle de l’Histoire, celle du rapport aux autres vivants, cette continuitĂ© communielle des vivants que nous avons perdue » p. 97. En quoi cette notion de continuitĂ© te semble-t-elle une des clĂ©s d’un avenir repensĂ© ? C’est sans doute mon attrait pour la pensĂ©e Ă©picurienne qui se signe ici. Un rĂ©-enchantement de l’ici et du maintenant. Une remise en cause raisonnĂ©e de la vellĂ©itĂ© universaliste des Ă©thiques trop certaines de leurs Ă©vidences. La physique Ă©picurienne invente le clinamen la trĂšs petite dĂ©viation – dite dĂ©clinaison – qui peut inflĂ©chir radicalement le devenir d’un systĂšme. L’histoire du vivant est celle d’une continuitĂ© parsemĂ©e d’infimes clinamen qui ont menĂ© aux sauterelles, aux fougĂšres, aux baleines, aux bactĂ©ries et aux grands singes. Nous sommes une espĂšce parmi tant d’autres. TrĂšs unique. Comme chaque autre. Tout le paradoxe vient que la dĂ©couverte de cette continuitĂ© dans laquelle nous nous trouvons avec la nature – concept Ă  dĂ©construire, d’ailleurs, puisque l’opposition nature/culture est sans doute la plus violente et arbitraire de toute notre histoire mĂ©taphysique – doit nous mener Ă  une discontinuitĂ© de comportement et de valeurs. Il n’est pas question de faire table rase de notre histoire. L’humanitĂ© a dĂ©couvert et inventĂ© des merveilles et personne ne souhaite renoncer aux avancĂ©es de la science et de la mĂ©decine, aux explorations des arts et des lettres. En revanche, notre rĂ©ification de la vie non-humaine, le niveau de monstruositĂ© auquel nous sommes parvenu en terme de biomasse la part des mammifĂšres libres et de l’ordre de
 5% ! Le reste, c’est de la viande en devenir n’est plus tenable. LĂ , il faut plus qu’une inflexion, il faut une rupture de notre ligne de folie qui est devenue, pour le dire comme Deleuze, une ligne de mort. Par ailleurs, tu proposes de sortir du mot Ă©cologie, trop Ă©troit, pour privilĂ©gier le terme de biophilie ». Tu pourrais expliciter ? Écologie, Ă©tymologiquement, rĂ©fĂšre Ă  la science ou Ă  la connaissance logos de la maison oikos. Par extension, cela dĂ©signe donc aussi l’étude de l’environnement. VoilĂ  qui demeure tellement anthropocentrĂ©. Ce n’est plus en terme d’environnement – comme si rien n’avait de sens ou de valeur sans ĂȘtre rapportĂ© au fait de nous entourer – qu’il faut penser. Il est temps d’entrevoir la vie elle-mĂȘme et de l’aimer. Pour elle-mĂȘme. Il n’est peut-ĂȘtre pas indispensable de savoir si les rhinocĂ©ros nous sont utiles » pour dĂ©plorer leur prochaine disparition. Derrida Ă©crivait Ă  propos de la mort de ses amis chaque fois unique, la fin du monde ». C’est un peu ce que je ressens pour la disparition des espĂšces et mĂȘme des individus dans les espĂšces
 Enfin, tu Ă©cris et cela a profondĂ©ment rĂ©sonnĂ© pour la littĂ©raire que je suis, que nous sommes des crĂ©ateurs de mondes et de systĂšmes symboliques. Je te cite, p. 91, il faut un rĂ©cit, une histoire et une iconographie de la rĂ©volution Ă©cologique ». Tu es philosophe et poĂšte, que serait, pour toi, cette nouvelle Ă©cologie du rĂ©cit ? Oh je ne suis rien du tout, moi. Juste un membre de la tribu des vivants. Un peu extĂ©nuĂ© de la violence et de la malveillance. Un peu consternĂ© de la survivance, pour ne pas dire de la rĂ©surgence, des fascismes, des sexismes, des impĂ©rialismes, des racismes, des individualismes, des suprĂ©matismes, des nationalismes, des ultra-libĂ©ralismes
 Je crois, en effet, qu’il est impossible d’espĂ©rer un retournement sans que celui-ci soit accompagnĂ© par une nouvelle mythologie et une nouvelle symbolique. C’est peut-ĂȘtre la seule belle chose de cette triste situation nous avons tout Ă  rĂ©inventer et voilĂ  qui est enthousiasmant ! La contrainte Ă©cologique peut obliger Ă  mettre en Ɠuvre la mutation sociale que nous avons Ă©tĂ© jusqu’alors incapables d’inventer. Et, en parallĂšle du politique et de l’éthique, je crois que c’est au poĂ©tique de jouer un rĂŽle majeur. Parce que le poĂšte connaĂźt les limites du texte, les rĂšgles qu’il faut suivre, mais il est aussi en droit – et mĂȘme en devoir – de rĂ©inventer la totalitĂ© de la grammaire du rĂ©el Ă  chaque ligne. Demain sera poĂ©tique ou ne sera pas. AurĂ©lien Barrau, Le plus grand dĂ©fi de l’histoire de l’humanitĂ©, Ă©d. Michel Lafon, mai 2019, 143 p., 8 € Rendez-vous Rendez-vous avec Mads Mikkelsen Rendez-vous avec Mads Mikkelsen © Kenneth Willard Pendant Cannes 2022, quatre rencontres se dĂ©rouleront salles Buñuel et Debussy, avec des rĂ©alisateurs et acteurs invitĂ©s Ă  partager leur travail et leur carriĂšre lors de rendez-vous destinĂ©s Ă  tous les festivaliers. Au programme de cette annĂ©e AgnĂšs Jaoui, Mads Mikkelsen, Javier Bardem & Alice Rohrwacher. Mads Mikkelsen Jeudi 26 mai Ă  14h30 En 25 ans de carriĂšre, Mads Mikkelsen s’est construit une solide filmographie et une longue histoire avec le Festival de Cannes. NĂ© au Danemark, d’abord gymnaste et danseur puis acteur de théùtre, il est rĂ©vĂ©lĂ© au cinĂ©ma dans la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn. Il s’impose Ă  l’international avec Le Roi Arthur 2004 et surtout son rĂŽle du mĂ©chant Le Chiffre dans le James Bond Casino royale 2006. Il joue aussi dans After the Wedding 2006 de Susanne Bier, Coco Chanel & Igor Stravinsky 2008 de Jan Kounen, Royal Affair de Nikolaj Arcel, La Chasse de Thomas Vinterberg, qui lui vaut le Prix d’InterprĂ©tation masculine Ă  Cannes en 2012, ou encore dans Michael Kohlhaas d’Arnaud des PalliĂšres, prĂ©sentĂ© en CompĂ©tition en 2013. L’annĂ©e suivante, il revient au Festival en SĂ©ance de Minuit avec le western The Salvation. Mads Mikkelsen prend part au Jury des longs mĂ©trages 2016 prĂ©sidĂ© par George Miller avant de prĂ©senter, en 2017, Artic de Joe Penna en SĂ©ance de Minuit. En 2020, il retrouve Thomas Vinterberg pour Drunk, prĂ©sentĂ© en CompĂ©tition. En 2022, il est Ă  l’écran des films d’actions familiaux Les Animaux fantastiques, les secrets de Dumbledore ainsi qu’Indiana Jones 5. Au son de What a life », de Scarlet Pleasure, le comĂ©dien revient sur la scĂšne finale du film Drunk, dont la musique est issue La scĂšne de danse Ă©tait prĂ©vue depuis le dĂ©but, je n’étais pas pour la garder. Je trouvais qu’elle nous sortait du sujet. Les personnages viennent de vivre un drame et ils se mettent Ă  danser
 Finalement j’ai eu tort, la scĂšne est magnifique. Elle m’a fait me sentir vieux mais elle est magnifique. Au sortir du Covid nous craignions que le film ne plaise pas mais ça a Ă©tĂ© l’inverse les spectateurs Ă©taient heureux de voir des gens cĂ©lĂ©brer la vie. Ses premiĂšres inspirations Enfant, j’admirais beaucoup deux acteurs Bruce Lee et Buster Keaton. Ce sont d’excellents comĂ©diens et cascadeurs qui invitaient le public Ă  entrer dans l’histoire par leur jeu. Ils m’inspirent toujours beaucoup car ils ont conscience de leur condition physique. Aujourd’hui je n’ai pas besoin de changer mon corps pour avoir une dĂ©marche lourde, je sais le jouer. C’est pour cela que j’aborde assez facilement les films bien Ă©crits et bien dirigĂ©s. Son conseil aux futurs cinĂ©astes Toutes les activitĂ©s que tu peux faire avec tes amis, ta famille, ta gĂ©nĂ©ration, valent le coup d’ĂȘtre vĂ©cues. Elles vont t’inspirer et une fois que c’est le cas, prend ta camĂ©ra, centre-toi sur un rĂ©cit et fonce ! Au Danemark dans les annĂ©es 1980 tout a changĂ© dans le cinĂ©ma une mĂȘme gĂ©nĂ©ration portait la crĂ©ation. La nouvelle gĂ©nĂ©ration doit faire de mĂȘme pour rompre avec l’habitude d’ĂȘtre forcĂ©ment dirigĂ© par des rĂ©alisateurs plus ĂągĂ©s. Je n’ai jamais vu Citizen Kane. Ça ne m’empĂȘche pas d’aimer le cinĂ©ma. » Son rapport aux personnages complexes qu’il a pu incarner Je n’ai pas vraiment peur de jouer certains rĂŽles. Je ne suis pas intimidĂ© mais j’ai conscience des dĂ©fis. Parfois je me dis C’est parfait, mais ça va ĂȘtre super difficile pour moi. » Il faut ĂȘtre honnĂȘte par rapport au rĂ©cit, il faut parfois avoir le courage de dire Non, ce rĂŽle devrait ĂȘtre pour quelqu’un d’autre. » Une mĂ©connaissance amusante des blockbusters Je me souviens qu’à l’époque mon frĂšre avait attendu pendant deux jours devant un cinĂ©ma pour avoir un ticket pour le prochain Star Wars, je ne comprenais pas pourquoi il faisait ça. Je passais mes journĂ©es Ă  regarder des films de Bruce Lee, je n’avais jamais vu Star Wars. Quand j’ai Ă©tĂ© choisi pour jouer dans Casino Royale, c’était pareil. Tout le monde autour de moi Ă©tait fou alors que je n’avais pas autant d’engouement ! Je pense que c’est ce qui m’a permis d’apporter, avec Daniel Craig, une nouvelle vision Ă  la saga James Bond. La concurrence des plateformes contre les films en salle Il faut se poser la question les plateformes vont-elles disparaĂźtre ? Non. Il faut donc trouver un terrain d’entente, un juste milieu. Le cinĂ©ma est un art trĂšs jeune et l’on veut qu’il reste comme on l’a connu mais ce n’est pas possible, il doit Ă©voluer. Il y a de la place Ă  la fois pour les plateformes et le cinĂ©ma en salle. À propos de son expĂ©rience au Festival de Cannes Il n’y a rien qui ressemble Ă  Cannes. J’y suis allĂ© pour la premiĂšre en 1997 avec Nicolas Winding Refn pour prĂ©senter Pusher. Nous sommes arrivĂ©s en manteau car nous avions entendu dire qu’il y avait des montagnes ! Le Festival de Cannes est une aventure fantastique, c’est un peu la coupe du monde du cinĂ©ma. MalgrĂ© toutes les soirĂ©es et toutes les beuveries, les gens finissent toujours par parler de films. Jeudi 26 mai Ă  14h30, Salle Buñuel au 5e Ă©tage du Palais des Ă  rĂ©server en ligne. Rendez-vous . 1139Rendez-vous avec... Mads MIKKELSEN Rendez-vous avec Mads Mikkelsen Pendant Cannes 2022, quatre rencontres se dĂ©rouleront salles Buñuel et Debussy, avec des rĂ©alisateurs et acteurs invitĂ©s Ă  partager leur travail et leur carriĂšre lors de rendez-vous destinĂ©s Ă  tous les festivaliers. Au programme de cette annĂ©e AgnĂšs Jaoui, Mads Mikkelsen, Javier Bardem & Alice Rohrwacher. En application de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiĂ©e relative Ă  l'informatique, aux fichiers et aux libertĂ©s, l’internaute dispose des droits d'opposition art. 38 de la loi, d'accĂšs art. 39 de la loi, de rectification et de suppression art. 40 de la loi des donnĂ©es le concernant. Pour exercer ces droits, l’internaute doit s’adresser Ă  Direction juridique OGF, 31 rue de Cambrai 75946 PARIS cedex 19, ou Ă  l’adresse Ă©lectronique suivante accompagnĂ© d’une copie d’un titre d’identitĂ©. OGF a dĂ©clarĂ© les fichiers dĂ©crits ci-dessus Ă  la CNIL et enregistrĂ©e sous le n° 1607719. Accueil ÉvĂšnements Rendez-vous avec Mads Mikkelsen Haut de la page Une bataille dĂ©mocratique pour les libertĂ©s publiques fondamentales est actuellement en cours en France. La loi sĂ©curitĂ© globale en est l’enjeu immĂ©diat mais derriĂšre celle-ci se profile Ă  la fois la question brĂ»lante des violences policiĂšres et du racisme d’État, et la dimension autoritaire du nĂ©olibĂ©ralisme, qui lui est inhĂ©rente mais qui s’accentue Ă  mesure que les gouvernements imposent des politiques de plus en plus brutales de destruction sociale et environnementale, instrumentalisant Ă  la fois la bien rĂ©elle crise sanitaire et les attentats, et que les classes populaires rĂ©sistent. Dans la propagande de droite, un argument massue revient sans cesse l’anticapitalisme serait l’ennemi naturel de la libertĂ© individuelle car sans propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de production et sans marchĂ©, la libertĂ© ne pourrait prospĂ©rer. Or c’est exactement le contraire comme le montre dans ce texte David Harvey en rappelant les positions de Marx en la matiĂšre, les anticapitalistes travaillent Ă  crĂ©er les conditions matĂ©rielles de vie, hors des restrictions imposĂ©es par le capitalisme, sans lesquelles les gens ne peuvent pas ĂȘtre vraiment libres. Si nous prenons au sĂ©rieux les idĂ©aux de libertĂ© et de dĂ©mocratie, notre lutte actuelle doit donc s’inscrire dans un projet plus global de dĂ©passement du capitalisme et d’abolition des rapports d’oppression, et doit s’étendre au combat contre les institutions qui assurent l’assujettissement des classes exploitĂ©es et opprimĂ©es – de l’État capitaliste aux institutions internationales ou supranationales Commission europĂ©enne, Banque centrale europĂ©enne, FMI, OTAN, etc.. *** Le sujet de la libertĂ© Ă©tait rĂ©guliĂšrement dĂ©battu lors de mes rencontres avec les Ă©tudiants au PĂ©rou. Ils Ă©taient trĂšs intĂ©ressĂ©s par la question suivante Le socialisme exige-t-il nĂ©cessairement l’abandon de la libertĂ© individuelle ? » La droite, qui s’est appropriĂ©e le concept de libertĂ© et l’utilise comme une arme dans la lutte de classes contre les anticapitalistes, rĂ©pond bien sĂ»r par l’affirmative. La subordination de l’individu au contrĂŽle de l’État imposĂ© par le socialisme ou le communisme serait-selon eux- une chose qu’il faut Ă©viter Ă  tout prix. Ma rĂ©ponse Ă©tait que nous ne devrions pas abandonner l’idĂ©e de la libertĂ© individuelle dans le cadre d’un projet socialiste Ă©mancipateur. J’ajoutais mĂȘme que la rĂ©alisation de la libertĂ© individuelle est, selon moi, un objectif central des projets d’émancipation. Mais Ă  condition que ceux-ci appellent Ă  la construction commune d’une sociĂ©tĂ© qui donne Ă  chacun de nous l’opportunitĂ© de s’épanouir, de se rĂ©aliser en dĂ©ployant toutes nos capacitĂ©s. Marx et la libertĂ© Marx avait des choses intĂ©ressantes Ă  dire sur le sujet. Une de ces idĂ©es est que le royaume de la libertĂ© commence lĂ  cesse le royaume de la nĂ©cessitĂ© ». La libertĂ© ne signifie rien si vous n’avez pas assez Ă  manger, si vous n’avez pas accĂšs aux soins de santĂ©, Ă  un logement, aux transports, Ă  une Ă©ducation et Ă  d’autres services importants. Le rĂŽle du socialisme est de pourvoir Ă  ces besoins fondamentaux, de sorte que les gens soient ensuite libres de faire exactement ce qu’ils veulent. Le point final d’une transition socialiste est un monde dans lequel les capacitĂ©s et les aptitudes individuelles sont complĂštement libĂ©rĂ©es des nĂ©cessitĂ©s, du manque et autres contraintes politiques et sociales. VoilĂ  pourquoi au lieu d’abandonner Ă  la droite le monopole de ce concept de libertĂ© individuelle, il s’agit de nous rĂ©approprier l’idĂ©e de libertĂ© pour le socialisme lui-mĂȘme. Mais Marx a Ă©galement soulignĂ© que la libertĂ© est un couteau Ă  double tranchant car les travailleurs, dans une sociĂ©tĂ© capitaliste, sont libres -dit-il- dans un double sens. Ils peuvent librement offrir leur main-d’Ɠuvre sur le marchĂ© du travail Ă  qui ils veulent, proposer leur force de travail Ă  n’importe quelles conditions contractuelles, bref ils peuvent nĂ©gocier librement
mais en mĂȘme temps, ils ne sont pas libres, car ils sont libĂ©rĂ©s » de tout contrĂŽle ou accĂšs aux moyens de production. Ils doivent donc cĂ©der leur force de travail aux capitalistes pour pouvoir vivre. C’est leur libertĂ© Ă  double tranchant dit Marx, c’est la contradiction centrale de la libertĂ© sous le capitalisme. Dans le chapitre sur la journĂ©e de travail dans le Capital, il dit ceci le capitaliste est libre de dire au travailleur Je veux t’employer au salaire le plus bas possible pendant le plus grand nombre d’heures possible et tu feras exactement le travail que je te demande de faire. C’est ce que j’exige de toi quand je t’engage ». Et le capitaliste est libre de faire cela dans une sociĂ©tĂ© de marchĂ© parce que, comme nous le savons, la sociĂ©tĂ© de marchĂ© consiste Ă  faire des offres pour tout et n’importe quoi. D’autre part, le travailleur est Ă©galement libre de dire Vous n’avez pas le droit de me faire travailler 14 heures par jour. Vous n’avez pas le droit de faire ce que vous voulez avec ma force de travail, surtout si cela raccourcit ma vie et met en danger ma santĂ© et mon bien-ĂȘtre. Je ne suis prĂȘt Ă  travailler que pour une journĂ©e de travail honnĂȘte pour un salaire honnĂȘte ». Étant donnĂ© la nature d’une sociĂ©tĂ© basĂ©e sur l’économie de marchĂ©, le capitaliste et le travailleur ont tous deux raisons lorsqu’il s’agit de ce qu’ils exigent. Comme dit Marx, ils ont tous deux raison en vertu de la loi de l’échange qui domine le marchĂ©. Entre l’égalitĂ© des droits, dit-il, la puissance dĂ©cide. La lutte des classes entre le capital et le travail dĂ©termine cette question. Le rĂ©sultat repose sur le rapport de force entre le capital et le travail, qui peut Ă  un moment donnĂ© devenir coercitif et violent. Une lame Ă  double tranchant Cette idĂ©e de la libertĂ© en tant que lame Ă  double tranchant est trĂšs importante Ă  y regarder de plus prĂšs. L’une des meilleures contributions sur le sujet est un essai de Karl Polanyi. Dans son livre La grande transformation, Polanyi dit qu’il existe de bonnes et de mauvaises formes de libertĂ©. Parmi les formes toxiques » de libertĂ© qu’il mentionne figurent la libertĂ© de faire un usage illimitĂ© de son prochain, la libertĂ© de faire des profits excessifs sans en faire profiter la communautĂ©, la libertĂ© de ne pas utiliser les inventions technologiques pour le bien public, la libertĂ© de tirer profit des calamitĂ©s publiques ou des catastrophes naturelles pour faire des gains privĂ©s, etc. Mais, poursuit Karl Polanyi, l’économie de marchĂ© qui permet ces formes de libertĂ©s se pare Ă©galement de libertĂ©s que nous estimons beaucoup libertĂ© de conscience, libertĂ© d’expression, libertĂ© de rĂ©union, libertĂ© d’association, libertĂ© de choisir son propre travail. Bien que nous puissions chĂ©rir ces libertĂ©s en raison de leur importance intrinsĂšque, elles sont dans une large mesure des sous-produits de cette mĂȘme Ă©conomie qui est Ă©galement responsable des libertĂ©s toxiques. La rĂ©ponse de Polanyi Ă  cette dualitĂ© peut paraĂźtre Ă©trange, en pleine hĂ©gĂ©monie de la pensĂ©e nĂ©olibĂ©rale oĂč la maniĂšre dont la libertĂ© nous est prĂ©sentĂ©e par le pouvoir politique existant est parfaitement biaisĂ©e. Il Ă©crit Ă  ce sujet Le dĂ©passement de l’économie de marchĂ© » – c’est-Ă -dire la disparition de l’économie de marchĂ© – peut ĂȘtre le dĂ©but d’une Ăšre de libertĂ© sans prĂ©cĂ©dent ». Pour la pensĂ©e mainstream, c’est une explication plutĂŽt choquante dire que la vraie libertĂ© commence aprĂšs que nous ayons laissĂ© l’économie de marchĂ© derriĂšre nous ! Il continue La libertĂ© lĂ©gale et rĂ©elle peut ĂȘtre rendue plus large et plus universelle que jamais. La rĂ©glementation et le contrĂŽle peuvent permettre la libertĂ© non seulement pour quelques-uns, mais pour tous. Car la libertĂ© n’est pas un privilĂšge, entachĂ© Ă  la source, mais un droit prescriptif, s’étendant bien au-delĂ  des limites Ă©troites de la sphĂšre politique Ă  l’organisation intime de la sociĂ©tĂ© elle-mĂȘme. Ainsi, les anciennes libertĂ©s et les droits civils seront ajoutĂ©s au fonds des nouvelles libertĂ©s gĂ©nĂ©rĂ©es par les loisirs et la sĂ©curitĂ© offerts Ă  tous par la sociĂ©tĂ© industrielle. Une telle sociĂ©tĂ© peut se permettre d’ĂȘtre Ă  la fois juste et libre ». La libertĂ© sans la justice Je me souviens que cette idĂ©e d’une sociĂ©tĂ© fondĂ©e sur la justice et la libertĂ© Ă©tait le programme politique du mouvement Ă©tudiant des annĂ©es 60 et de la fameuse gĂ©nĂ©ration 68. La soif de justice et de libertĂ© Ă©tait trĂšs rĂ©pandue se libĂ©rer de la coercition de l’État, de celle du travail imposĂ©e par le capital et ses entreprises, se libĂ©rer de la coercition du marchĂ© en dĂ©veloppant radicalement la justice sociale
 Il est intĂ©ressant d’observer quelle fut la rĂ©ponse politique capitaliste Ă  cette situation dans les annĂ©es 1970. On peut dire que ces demandes ont Ă©tĂ© traitĂ©es ainsi Nous cĂ©dons Ă  vos aspirations de libertĂ©, soit, mais oubliez la justice sociale ». Le renoncement aux libertĂ©s Ă©tait limitĂ©. On gardait, pour l’essentiel, la libertĂ© de choix sur le marchĂ©. Le marchĂ© libre et la libertĂ© de rĂ©gulation de l’État Ă©taient les rĂ©ponses Ă  la demande de libertĂ©. Mais oubliez la justice. Cela serait assurĂ© par la concurrence sur le marchĂ©, qui Ă©tait censĂ©e ĂȘtre organisĂ©e de maniĂšre Ă  ce que chacun obtienne sa juste part. Le rĂ©sultat, cependant, a Ă©tĂ© que beaucoup de mauvaises libertĂ©s par exemple l’exploitation des autres ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es au nom de libertĂ©s vertueuses. Cette tournure des Ă©vĂ©nements est une chose que Polanyi a clairement identifiĂ©e. La transition vers l’avenir qu’il avait en tĂȘte Ă©tait bloquĂ©e par un obstacle moral, a-t-il fait remarquer, et cet obstacle moral Ă©tait ce qu’il a appelĂ© l’utopie libĂ©rale ». Je pense que nous sommes aujourd’hui toujours confrontĂ©s aux problĂšmes que cet utopisme libĂ©ral entraĂźne. C’est une idĂ©ologie qui imprĂšgne les mĂ©dias et les discours politiques. L’utopie libĂ©rale du Parti DĂ©mocrate, par exemple, est l’un des obstacles Ă  la rĂ©alisation d’une vĂ©ritable libertĂ©. La planification et le contrĂŽle », a Ă©crit Polanyi, sont attaquĂ©s comme un dĂ©ni de libertĂ©. La libre entreprise et la propriĂ©tĂ© privĂ©e sont dĂ©clarĂ©es l’essence mĂȘme de la libertĂ©. C’est ce que les plus importants idĂ©ologues du nĂ©olibĂ©ralisme ont mis en avant. » Au-delĂ  du marchĂ© Pour moi, c’est l’une des questions les plus importantes de notre Ă©poque. Allons-nous au-delĂ  des libertĂ©s limitĂ©es du marchĂ© et de la rĂ©gulation de nos vies par les lois de l’offre et de la demande, ou acceptons-nous, comme le dit Margaret Thatcher, qu’il n’y a pas d’alternative ? Nous devenons libres du contrĂŽle de l’État, mais esclaves du marchĂ©. Il n’y aurait pas d’alternative Ă  cela, en dehors il n’y a pas de libertĂ©. C’est ce que prĂȘche la droite, et c’est ce que beaucoup de gens en sont venus Ă  croire. C’est le paradoxe de notre situation actuelle au nom de la libertĂ©, nous avons en fait adoptĂ© une idĂ©ologie libĂ©rale utopique qui fait obstacle Ă  la rĂ©alisation d’une vĂ©ritable libertĂ©. Par exemple je ne pense pas vivre dans un monde libre quand quelqu’un qui dĂ©sire faire des Ă©tudes doit commencer par payer une somme d’argent Ă©norme pour cela et commencer sa vie avec une dette d’études qui le poursuivra longtemps. En Grande-Bretagne, dans les annĂ©es 1960, une grande partie du parc de logements se trouvait dans le secteur public ; il s’agissait de logements sociaux. Quand j’ai grandi, ce logement social Ă©tait une prestation de base Ă  un prix assez bas. Puis Margaret Thatcher est arrivĂ©e et a tout privatisĂ©, en disant essentiellement Vous serez beaucoup plus libre si vous ĂȘtes propriĂ©taire et vous pourrez rĂ©ellement faire partie de la dĂ©mocratie de propriĂ©taires ». Ainsi, au lieu d’avoir 60 % des logements dans le secteur public, nous nous retrouvons tout Ă  coup dans une situation oĂč seulement 20 % – voire moins – des logements se trouvent dans le secteur public. Le logement devient une marchandise, et cette marchandise devient alors une partie de l’activitĂ© spĂ©culative. Dans la mesure oĂč elle devient un vĂ©hicule de spĂ©culation, le prix de la propriĂ©tĂ© augmente, et vous obtenez un prix de logement en hausse sans qu’il y ait une augmentation rĂ©elle de la qualitĂ© et du confort. Nous construisons des villes, nous construisons des logements, mais de telle façon, avec une telle conception de l’immobilier que si ces logements offrent une Ă©norme libertĂ© aux classes supĂ©rieures, elle se rĂ©sume concrĂštement Ă  une non-libertĂ© pour le reste de la population. C’est, je pense, ainsi qu’il faut interprĂ©ter cette fameuse remarque de Marx Le royaume de la nĂ©cessitĂ© doit en fait ĂȘtre surmontĂ© pour atteindre le royaume de la libertĂ© ». Le royaume de la libertĂ© C’est ainsi que, toujours dans le contexte du secteur de l’immobilier et de la construction, la sacro-sainte libertĂ© du marchĂ© limite, de fait, les possibilitĂ©s d’accĂšs pour l’ensemble de la population. Et de ce point de vue, je pense que c’est une perspective socialiste de faire ce que Polanyi suggĂšre, c’est-Ă -dire que nous collectivisions l’accĂšs Ă  la libertĂ©, l’accĂšs au logement. Nous mettons un terme au fait qu’il ne peut ĂȘtre obtenu que par le marchĂ©, mais nous le faisons entrer dans le domaine public. Vivre dans le domaine public est notre slogan. C’est l’une des idĂ©es de base du socialisme dans le systĂšme actuel – mettre le plus possible de choses en commun, dans le domaine public. On dit souvent que pour atteindre le socialisme, il faut renoncer Ă  son individualitĂ© et au moins Ă  quelque chose. Eh bien, dans une certaine mesure, c’est peut-ĂȘtre vrai ; mais il y a, comme l’a soulignĂ© Polanyi, une plus grande libertĂ© Ă  atteindre si nous allons au-delĂ  des cruelles rĂ©alitĂ©s des libertĂ©s du marchĂ© individualisĂ©. Oui j’ai bien lu dans Marx que notre tĂąche consiste Ă  maximiser le domaine de la libertĂ© individuelle, mais que cela ne peut se faire qu’à condition que le domaine de la nĂ©cessitĂ© soit satisfait
 La tĂąche d’une sociĂ©tĂ© socialiste n’est pas de rĂ©glementer tout ce qui se passe dans la sociĂ©tĂ© ; pas du tout. La tĂąche d’une sociĂ©tĂ© socialiste est de veiller Ă  ce que tous les besoins fondamentaux soient satisfaits afin que les gens puissent ensuite librement choisir de faire ce qu’ils veulent quand ils le veulent. Demandez aujourd’hui Ă  quelqu’un Combien de temps libre avez-vous ? », la rĂ©ponse est invariablement Je n’ai presque pas de temps libre Ă  cause de ceci, de cela, et de tout le reste ». Or si la vraie libertĂ© ne s’exerce que dans un monde oĂč nous aurions du temps libre pour faire ce que nous voulons, mettons dĂšs aujourd’hui en Ɠuvre un projet socialiste d’émancipation qui la propose, cette libertĂ©, comme un Ă©lĂ©ment central de sa mission politique ! C’est une chose Ă  laquelle nous pouvons et devons tous travailler. * Ce texte est extrait du nouveau livre de David Harvey, The Anti-Capitalist Chronicles, publiĂ© par Pluto Press. Il a Ă©tĂ© publiĂ© Ă  l’origine sur Jacobin. Traduction Hamel et François de la Gauche anticapitaliste. Bonjour Ă  tous, Je viens sur ce forum pour avoir le recul de voyageurs camping-caristes plus confirmer que moi et pour vous exposer un projet personnel qui me trotte dans la tĂȘte depuis un bon moment. Etant Ă©tudiant alternant d'ici peu de temps, j'envisage l'achat d'un camping car pour y vivre Ă  l'annĂ©e et bien Ă©videmment pour bouger les week-ends dans les nombreux festivals, visiter mes amis aux 4 coins de la France, et mĂȘme voyager durant mes 5 semaines rĂ©glementaires de vacances !! Pourquoi pas un appartement? - Mon Ă©cole sera sĂ©parĂ© de 63km de mon lieu d'alternance, il faudrait envisagĂ© 1h de route le matin, puis 1h de route le soir lorsque je vais Ă  lĂ©cole rythme 2 semaines / 2 semaines , fatiguant en somme, et couteux en carburant. - L'envie de voyager en France, voir des amis, profiter des festivals amoureux de musique - J'aime la libertĂ©, n'est pas de problĂšme avec la dĂ©croissance, et ai des souvenirs merveilleux de mon enfance en caravane l'Ă©tĂ©. J'ai essayĂ© d'ĂȘtre pragmatique sur ce projet, et ai posĂ© les choses Ă  plat, j'aimerai avoir votre avis, ne possĂ©dant pas le recul nĂ©cessaire sur la viabilitĂ© de mon projet Revenu mensuel 1050 Ă  1200€ confirmation d'ici quelques jours CoĂ»t d'achat du camping car de 8500 Ă  10 000€ max, sous forme de crĂ©dit Ă  300€ par mois pas de loyer Ă  payer, il serait remboursĂ© en environ 30 mois, pour un contrat d'alternance de 36 mois. J'ai comptĂ© une somme de 100€ par mois pour l'entretien, 50€ pour l'assurance, 20€ pour la lingerie pas envie d'embeter mes amis avec mes fringues puantes en permanance ! , et une cinquantaine d'euros pour l'internet en 4G, forfait mobile etc .. Pour le choix du modĂšle je m'orienterai vers un HYMER B544 datant des annĂ©es 1989 Ă  1995 correspondant Ă  mon budget et Ă  ma vision d'un camping car compact et vivable Ă  l'annĂ©e ! Je serai principalement dans le Pays de Loire et j'ai pu voir plusieurs sites ou me garer proche de mon lieu de travail mais aussi de mon Ă©cole . J'en viens maintenant aux petites questions qui me trottent dans la tĂȘte et auxquels vous pourrez peut-ĂȘtre trouver rĂ©ponse - Un kit de panneaux solaires de 100 Ă  150W suffit-t-il Ă  alimenter mon camping car en hiver pour une utilisation 17h-00h comprenant l'Ă©clairage LED de prĂ©fĂ©rence , la charge du portable et de l'ordinateur et la ventilation du chauffage Trauma ? 1h de charge sur borne Ă  4€ permet-elle de complĂ©ter l'autonomie de maniĂšre suffisante ou un branchement permanant est-il nĂ©cessaire? Achat d'un groupe Ă©lectrogĂšne ? - Pourriez vous me donner une fourchette large du coĂ»t en Gaz en hiver pour le chauffage le soir et la nuit Ă©tant au travail la journĂ©e ainsi que le frigo et l'eau chaude ? - Et la question la plus importante, est-il viable et vivable de vivre en full-timer dans un camping-car en permanance pour un salariĂ© qui serait aussi Ă©tudiant ? Quelles sont les principales difficultĂ©s qui pourrait me contraindre dans ce projet ? J'ai bien conscience que j'en demande beaucoup, j'aimerai simplement votre avis personnel sur ce projet un peu dĂ©calĂ© je vous l'accorde, n'ayez crainte, vous pouvez critiquer celui-ci, je suis d'ailleurs lĂ  pour celĂ , je suis encore un peu "effrayĂ©" Ă  l'idĂ©e de sauter le pas et je voudrais donc un maximum de conseils. Pour ceux qui ont expĂ©rimentĂ©s le full timer pendant une pĂ©riode, et encore mieux pendant une pĂ©riode de travail, je serai trĂšs heureux de lire vos expĂ©riences et vos retours sur la vie en camping car Ă  long terme. Merci de m'avoir lu jusqu'ici, j'attends vos rĂ©ponses !

pour vivre hors la loi il faut ĂȘtre honnĂȘte